09 June 2020

Entrevue avec Webster

Le meurtre récent de George Floyd aux mains de policiers vient lever le voile sur l’existence du racisme systémique non seulement aux États-Unis, mais au Canada. En effet, malgré notre regard complaisant sur les relations raciales chez nos voisins du sud, nous oublions que notre histoire et notre société ne sont pas exemptes d’un passé également lié à l’esclavage et la discrimination. Pourtant, cette histoire est longtemps passé sous silence : même notre premier historien national, François-Xavier Garneau, niait l’existence d’esclavage en Nouvelle-France (François-Xavier Garneau, Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu’à nos jours. Tome second, Québec, N. Aubin, 1846, p. 448). Depuis, d’autres historiens, comme Marcel Trudel, Micheline D'Allaire et Brett Rushforth, ont dégagé une histoire plus près de la réalité : la Nouvelle-France possédait des esclaves noirs et autochtones, un point s’est tout.

Il est rare de nos jours de trouver quelqu’un qui nierait cette réalité passée, mais à l’inverse, ils sont nombreux à nier le racisme moderne au Canada et au Québec. Après tout, les Minutes du patrimoine ne nous avaient-elles pas enseigné que le Canada était un sanctuaire pour les esclaves échappés des États-Unis? Cette réduction simpliste de l’histoire des Noirs et des autres minorités visibles au Canada est retenue par une population majoritairement blanche qui peine à reconnaître une réalité plus subtile que le racisme outrancier américain.

En tant qu’historien, j’ai passé les derniers jours à réfléchir sur comment faire ma part pour confronter ce problème social au-delà mes efforts préexistants de tenir compte lorsque possible des minorités visibles dans mes recherches, mon enseignement et ma vulgarisation auprès du grand public. J’en suis venu à cette conclusion : pour l’instant présent, il est justement plus important d’amplifier les voix de ces minorités afin que tous entendent leur message. Pour l’instant, il nous faut d’abord savoir écouter pour savoir comment agir à l’avenir.

Je vous partage donc cette entrevue avec Webster, un rappeur, auteur, conférencier et historien de Québec. Pendant cet entretien d’une heure et demie, Webster remet les pendules à l’heure au sujet de l’histoire des Noirs au Québec et de la situation présente du racisme chez nous. Il s’agit d’une discussion importante et nécessaire, néanmoins traitée d’une manière très agréable et détendue. En somme, je recommande fortement à tous mes lecteurs et lectrices de l’écouter : au-delà cette entrevue, Webster est une voix très importante de notre communauté, une voix nécessaire en ce moment difficile.

Si vous voulez connaître Webster d’avantage et le suivre sur les réseaux sociaux, vous pouvez le faire ici : Instagram: https://www.instagram.com/webster_ls/
Sachez aussi que Webster vient de publier aux éditions du Septentrion Le Grain de sable : Olivier Le Jeune, premier esclave au Canada.

Bonne écoute! (N.B. : pour les amateurs de baladodiffusions, l’émission Sans filtre est disponible en format audio aussi pour ceux et celles qui ont un gestionnaire du type Podcast Addict sur leurs appareils portables).

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