25 November 2011

Un cas d'espions hypocrites...


Montcalm écrivait : « On a toujours l’air d’écrire une satire en écrivant l’histoire de ce qui se passe en Canada. » Il avait bien raison! Parfois les événements qui ont lieu pendant la Guerre de Sept Ans sont si étranges qu’on ne peut s’empêcher de sourciller… Prenons comme exemple ce cas où les Anglais et les Français s'espionnent mutuellement pendant le siège de Québec, chacun faisant semblant de ne pas remarquer les actes de l'autre! Le 4 juillet 1759, l'abbée Jean-Félix Récher écrit :
A une heure après midi, une berge anglaise se détache des vaisseaux, ayant à son pavillon derrière, et pavillon français devant, ce qui fait juger qu’elle vient pour sommer la ville de se rendre. Elle arrive près de la ville et arrêtée par 2 ou 3 de nos carcassières, qui, n’ayant point reçu l’ordre du commandant de la place, lui ont demandé pourquoi elle venait. L’officier leur a dit qu’il apportait une lettre de son général à M. de Vaudreuil […] Comme ce sujet de députation nous a paru fort léger, il a été regardé comme un prétexte, dont se sont servis les Anglais pour examiner de près l’état de la place. Et en effet nos gens ont jugé qu’il y avait 3 ou 4 officiers ou ingénieurs sous l’habit de matelot et cela à leur physionomie et à la blancheur de leurs mains. Ce qui a donné lieu à M. le Mercier, pour user de représailles, de prendre avec lui 2 ou 3 capitaines de navire habillés en matelots pour mieux reconnaître la position de la flotte ennemie et son état. Une autre raison qui a persuadé que ce message n’était qu’un prétexte, c’est […] que par ce moyen ils se sont assurés que M. le général n’était point dans la ville, mais à Beauport, et que sans doute nos plus grandes forces étaient là.

Source :  LACOURSIÈRE, Jacques et Hélèn QUIMPER. Québec, ville assiégée. 1759-1760, d'après les acteurs et les témoins. Québec, Septentrion, 2009, pp. 70-71.



Disponible aux Éditions du Septentrion.

02 November 2011

Un extrait de pitié britannique

Le mauvais coup britannique réservé aux Acadiens en 1755 choque toujours de nos jours. C'est normal : quoi de plus inhumain outre la mort que de se faire chasser de sa terre natale? Toutefois, on tombe parfois sur des anecdotes qui rappellent, du moins dans le peu de contexte offert, que l'humanité survit malgré les atrocités.

Dans ce cas-ci, le 29 juin 1761, le commissaire Anthony Wheelock écrit au commandant en chef britannique Jeffrey Amherst au sujet d'une Acadienne. Déportée en Caroline et dont le mari est décédé, celle-ci demande clémence et cherche la permission de déménager au Canada avec ses deux enfants. Ceux-ci (ou celles-ci?) sont âgés respectivement de 1 an et demi et de 8 ans. La veuve espère retrouver de la parenté pour l'aider à survivre. Dans sa réponse (folio 192), Amherst accorde sa permission.

Malheureusement, aucun détail n’est donné sur l’identité de cette petite famille ni de ceux qu’elle cherchait au Canada. Toutefois, on se console à savoir qu’ils sont un peu moins anonymes maintenant que leur histoire voit le jour.

Source : Public Records Office, War Office 34, Vol. 98, F°113-113v. Anthony Wheelock à Amherst. À New York, le 29 juin 1761. (voir aussi folio 192)

Comme un semblant d'Évangéline...