22 March 2020

Le «Traître de Québec»


Ce qui suit est l'introduction originale d'un chapitre portant sur les espions en Nouvelle-France pendant la guerre de Sept Ans, tirée de ma thèse que j'édite présentement. Puisqu'il s'agit du premier chapitre rédigé, je n'avais pas encore tout à fait maîtrisé le format idéal qui allait guider la rédaction des chapitres suivant. Je suis donc obligé de distiller une bonne partie de ce que j'avais écrit à l'origine pour atteindre une longueur plus raisonnable. Néanmoins, je trouve que cet extrait sous sa forme originale peut tout de même être intéressant pour mes lecteurs, compte tenu de l'impact et de la vie dure du mythe du « traître » de Québec. Bonne lecture!


Introduction : « Le » traître de Québec

Le manteau de campagne du général Wolfe
Royal Collection Trust
RCIN 31955
Capitale coloniale et porte d’entrée du continent lorgnée par les Anglais depuis sa fondation, la ville de Québec devient la cible ultime de l’ennemi pendant la campagne de 1759. S’étant crue protégée par le fleuve et sa navigation difficile aux non-initiés, la population locale est ahurie de voir arriver en juin dans sa rade une flotte composée de 49 navires de guerre, transportant 13 000 marins, 4 500 matelots et 10 000 soldats britanniques. Dans les mois qui suivent, la ville est bombardée de milliers de projectiles et la région subit des expéditions punitives ennemies. Des trois batailles qui ont lieu—dont deux victoires françaises—, seul l’échec français deviendra célèbre. En effet, la fameuse bataille des plaines d’Abraham demeure aujourd’hui gravée dans la mémoire populaire du Canada français. Et pourquoi pas? Les événements qui se sont déroulés en ce matin fatidique du 13 septembre sont devenus depuis légendaires : deux généraux, Montcalm et Wolfe, comme si liés par le destin, perdent leur vie pendant la plus importante bataille de la guerre en Amérique où s’entrechoquent deux empires coloniaux pour le contrôle d’un continent. L’image est à la hauteur des plus grands romans historiques : inutile d’inventer quoi que ce soit, les faits dépassent la fiction.

Une série de défaillances en matière de renseignement joue un rôle important dans le dénouement de la campagne de Québec. Trop nombreux à énumérer d’un coup, il faut certainement mentionner quelques exemples probants, étudiés ad nauseam par les historiens : Montcalm qui mord à l’hameçon tendu par Wolfe, se laissant convaincre qu’un nouveau débarquement se prépare à Beauport plutôt qu’à l’ouest de la ville. Le matin même des opérations nocturnes de Wolfe, deux déserteurs français se font intercepter par les Britanniques et informent que l’armée française attend l’arrivée d’un convoi d’approvisionnement. À l’avantage de Wolfe, Bougainville néglige justement de transmettre aux autres officiers la nouvelle que le convoi avait été annulé. La coïncidence offre donc à l’ennemi l’occasion de profiter de la noirceur pour se faufiler vers la berge sous le nez des sentinelles croyant qu’il s’agit du convoi attendu. À chaque sommation de s’identifier dans la noirceur, un Écossais, Simon Fraser, leur répond en Français. Enfin, aucun système de signalement n’avait été élaboré en cas d’attaque dans les environs de l’anse au Foulon. L’état-major se fait donc avertir tardivement, le premier messager prenant curieusement « une heure pour franchir […] trois kilomètres[1] ». Sans oublier qu’il faudra plus de trois heures depuis le débarquement britannique avant que l’état-major ne se décide à réagir, et ce, toujours sans être parfaitement informé des faits. Mais à la base de tous ces manquements, une question hante la mémoire populaire : qui est responsable d’avoir révélé l’emplacement de l’anse au Foulon et ses faiblesses à Wolfe?

La figure d’un « traître », ou plutôt « du » traître des plaines d’Abraham a fait du chemin depuis le matin des événements. À l’occasion du 250e anniversaire de la bataille, « le traître » avait été dépoussiéré, évoqué dans les médias, se trouvant même une place dans la littérature pour jeunesse[2]. Il n’y a rien d’étonnant : le personnage, peu importe son identité véritable, joue un rôle important dans la mémoire et la littérature populaires, servant à simplifier la trame narrative de la Conquête. Il est plus facile pour le public de blâmer la perte de la colonie sur les manigances d’un seul individu, soit un antagoniste solitaire sur qui jeter ses foudres, plutôt que de comprendre la complexité de la machine de guerre dans une période difficile de son histoire. À tort ou à raison, de nombreuses personnes se sont fait imposer le rôle de bouc émissaire au fil des siècles dans l’histoire nationale du Canada français.

Bigot

Parmi les cibles de la mémoire populaire, l’intendant François Bigot fait figure de proue dans la littérature. Après tout, ses acolytes et lui seront les principaux acteurs visés dans « l’Affaire du Canada », accusés de corruption pour avoir entre autres saigné l’armée pour des profits, payés par l’État en plus. Dans son analyse des premiers romans historiques canadiens, Maurice Lemire observe :
Les romans que nous avons groupés sous le titre trahison de Bigot ont ceci de commun: ils exaltent tous l’héroïsme des Canadiens pendant la guerre de la conquête, moins toutefois par le rappel des actions d’éclat que par la description des conditions difficiles qui ont entouré la résistance. Tous les romanciers incriminent copieusement Bigot et ses satellites et blâment la conduite de la France. Parmi eux, Marmette, Rousseau et Jean Féron accusent formellement Bigot de trahison. Adèle Bibeau et Mme Leprohon n’en excluent pas non plus la possibilité. William Kirby, pour sa part, reporte toute la responsabilité de la défaite sur la France. […] tous les romanciers qui traitent de Bigot s’emploient à exonérer les Canadiens de tout blâme dans la défaite de 1760.[3]
Après tout, « Dans des circonstances normales les Anglais n’auraient pu vaincre les Canadiens[4] »! Mais pour paraphraser Guy Frégault, la bande à Bigot était certainement composée de voleurs, mais ce n'étaient pas des traîtres. 

Cugnet

Mais au-delà les manigances économiques de la « Bande à Bigot », la mémoire populaire évoque et s’accroche particulièrement à Jean-Baptiste Cugnet. Ce dernier doit sa notoriété, qui perdure même aujourd’hui, à l’archiviste Pierre-Georges Roy et son billet sur le « traître Cugnet ». En cherchant qui accuser d’avoir révélé l’existence du passage de l’anse au Foulon, l’archiviste rejette d’abord la confession de Robert Stobo, un des plus notoires prisonniers de Québec, comme quoi il aurait été celui qui l’avait indiqué à Wolfe. Roy prétend que l’Écossais ne pouvait pas connaître le lieu du fait qu’il était prisonnier et préfère s’appuyer plutôt sur les mémoires de James Thompson, un vétéran de l’armée britannique. Mis sur papier quelques décennies après les faits, le témoignage de Thompson prétend que l’emplacement de l’anse à Foulon aurait été révélé au général anglais par un certain Cugnet[5]. Même si Thompson avait raison—il faut se rappeler que son souvenir des faits comporte de nombreuses erreurs factuelles—l’identité exacte de ce Cugnet est toutefois nébuleuse. Par quelques acrobaties de logique, Roy conclut qu’il doit s’agir de Jean-Baptiste Cugnet, frère de François-Joseph Cugnet[6], futur avocat sous le Régime anglais. Il y a un léger hic qui vient détruire l’hypothèse de l’archiviste, cependant : son accusé est décédé à Saint-Domingue dix ans avant les faits[7]! Cette révélation est le fruit des recherches de Marine Leland qui conclut : « En fait, la tradition que nous avons étudiée ici offre un parfait exemple du processus classique qui marque le développement d’une légende[8]. » Et que faire du témoignage de Stobo remis en question par Roy? En réalité, l’Écossais avait une certaine liberté de se promener et même de marchander à Québec entre octobre 1754 et l’été 1755. Après quoi, il est incarcéré sous l’ordre de Vaudreuil à la lecture de ses rapports d’espionnage dans les gazettes anglaises[9]. Il est donc plus que probable que sa confession soit véridique.

Vergor

D’autres encore, dont l’écrivain Louis Fréchette, ont vu la figure d’un traître chez l’officier en charge du promontoire vis-à-vis l’anse au Foulon, Louis Du Pont Duchambon de Vergor. Supposément pour « un peu d’or [il a] Entre-baillé nos portes[10] », laissant aux Britanniques libre passage sur les plaines d’Abraham. Il est vrai que le personnage n’attirait pas beaucoup d’admiration de ses pairs… Même madame Bégon, après l’avoir rencontré, écrit : « C’est bien le plus épais gars que j’aie de ma vie vu[11] ». N’aidant pas sa cause, la mauvaise réputation de l'officier s’était renforcée après qu’il ait capitulé, trop rapidement selon plusieurs, au fort Beauséjour en Acadie en 1755. N’empêche, rien dans les faits ne démontre que Vergor ait agi autrement qu’avec honneur et devoir à la défense des alentours de l’anse au Foulon. Une contemporaine écrit : « Ils [sic] se défendit en brave, avec son peu de monde, et y fut blessé[12] ». Si faute il y a, c’est bien à Bougainville qu’elle revient pour avoir négligé d’informer l’officier qu’aucun convoi n’était attendu cette nuit-là. Malgré cela, Vergor avait tout de même reconnu que les bateaux britanniques, se faisant passer pour le convoi de ravitaillements, ne se dirigeaient pas du bon côté et ordonna donc qu’on leur tire dessus. De plus, l’anse au Foulon, contrairement à la mémoire populaire, ne faisait pas l’objet d’une patrouille dégarnie : Vergor était à la tête de 150 hommes répartis autour du passage et le chemin reliant la berge au promontoire comportait bel et bien une barricade. Malgré ces précautions, Vergor avait tout de même eu le malheur de se faire surprendre par-derrière par une faction britannique qui avait contourné la barricade en gravissant la falaise directement. Loin d’être le lâche de la légende, Vergor subit en effet deux blessures, une à la jambe et l’autre à la main, suite aux coups de fusil ennemis. Alors qu’il fut capturé avec la moitié de ses hommes, l’autre moitié des soldats, ainsi que ceux postés à la batterie Samos, se sont défendus jusqu’à ce que l’ennemi, quatre fois plus nombreux, les contraignent de se rendre ou à se replier[13].

Caricature of George Bubb Dodington
and Sir Thomas Robinson
.
Paul Sandby, vers 1761.
Yale Center for British Art.

L’arbre qui cache la forêt

En vérité, il n’y a nul besoin de se rabattre sur un supposé traître agissant comme un espion pour Wolfe : Stobo et les autres prisonniers britanniques évadés s’étaient montrés amplement renseignés sur les faiblesses de la ville. Depuis Pierre-Georges Roy, la thèse « du » traître de Québec a été réexaminée par les historiens successifs et, ultimement, rejetée. C. P. Stacey, dans sa biographie de Wolfe, écrit : « À maintes reprises, on a prétendu que l’existence de ce sentier avait été indiquée par un traître mais aucune preuve n’a jamais été avancée[14]. » Dans son œuvre magistrale sur la campagne de Québec, l’historien ajoute : « It is not really surprising that some writers should have suggested that this train of events was the result of treachery; but there is no evidence that it was due to any cause except gross negligence[15]. » Sur ce dernier point, la récente réévaluation de Peter MacLeod est encore plus généreuse vis-à-vis le mérite de l’armée française : « The assault on the Anse au Foulon was a British success rather than a French failure. Taken by surprise, the French recovered quickly and defended their posts until overwhelmed by sheer numbers. The British, for their part, seized a crucial position quickly and efficiently, and opened the road that would take them to the plains of Abraham[16]. »

La déconstruction précédente du mythique « traître » des plaines d’Abraham ne sert pas à indiquer qu’il n’y a aucune collaboration avec les Britanniques : bien au contraire. Le message à retenir est que la figure littéraire et populaire « du » traître de Québec est l’arbre qui cache la forêt. Qu’importe si ces personnages soient coupables de trahison ou non, les fuites d’informations sont endémiques. Nul besoin donc d’un bouc émissaire unique : les espions et les collaborateurs sont nombreux pendant la campagne de Québec[17].

Et avec raison : Québec, la capitale coloniale dont la population atteint plus de 8 000 citoyens au début de la guerre, devient l’épicentre du conflit en Amérique. Pendant la campagne seule de Québec, la ville et ses environs accueillent 13 000 militaires et miliciens, 1 200 guerriers autochtones et 2 000 soldats de la garnison de Québec[18]. En dehors de l’effort de guerre s’ajoutent les réfugiés, dont le groupe le plus important, les Acadiens, représente environ 2 000 individus arrivés dans la vallée du Saint-Laurent, Québec étant la principale destination[19]. Avec une population ainsi triplée par les combattants, les prisonniers et les réfugiés, tous soumis à la disette et la misère, il est tout naturel que le lieu foisonne de gens prêts à collaborer avec l’ennemi en échange de quelques douceurs durant cette période extrêmement pénible de l’histoire de la ville. Il faut donc mitiger le qualificatif de « traître », qui a un bagage émotionnel et péjoratif, et ne l’appliquer qu’après avoir bien établi que ces collaborations sont motivées par des sentiments autres que la survie[20]. Bien entendu, les contemporains ne s’embarassent pas avec de tels soucis d’équité. Comme l’écrit le gouverneur : « Si j’avois des subsistances et des moyens de tenir des partis autour de Québec, je traiterois avec la dernière rigueur les sujets du Roi qui communiqueroient avec l’ennemi. Dans la position où nous sommes, ce seroit sacrifier tous les habitants du voisinage de la ville, si je me servois de cette voie[21]. »

D’autre part, ces activités ne sont pas uniques à Québec. Si l’historiographie s’est attardée principalement sur la campagne de Québec, les espions, les traîtres et les autres collaborateurs font partie intégrale du renseignement militaire partout dans la colonie. Encore une fois, inutile d’inventer un bouc émissaire solitaire où il n’y en a pas—les informateurs sont nombreux. S’il est impossible d’établir le chiffre exact de collaborateurs, il existe heureusement des traces importantes pour se faire une idée de leurs activités. À l’instar de Stéphane Genêt, il faut reconnaître ici qu’il y a un danger de n’en faire « qu’une suite d’aventures individuelles[22] ». Ce qui suit ne cherche donc pas qu’à reconstituer des biographies d’individus. Il s’agit d’abord et avant tout d’évoquer l’existence et l’effet des activités des espions, traîtres et collaborateurs sur le déroulement de la guerre.





[1] Dave Noël, Montcalm, général américain, Montréal, Boréal, 2018, p. 211.
[2] Entre autres : Denis Gaumond, « Pleurons 1759 et célébrons 1760! », Cyberpresse, mardi 10 février 2009; Louis-Guy Lemieux, « 1759 : Trahi par un des leurs », Le Soleil, samedi 5 septembre 2009, p. 14; Georges Rivard, « Au-delà de la bataille des Plaines d’Abraham », La Voix de l’Est, jeudi 12 février 2009, p. 12 et Corinne De Vailly, Phœnix : Le Traître des plaines d’Abraham, Montréal, Trécarré Jeunesse, 2009, 184 p.
[3] Maurice Lemire, « La trahison de Bigot dans le roman historique canadien », Revue d’histoire de l’Amérique française, Vol. 22, No. 1 (juin 1968), p. 87.
[4] Lemire, « La trahison de Bigot », p. 88.
[5] « Le traître Cugnet », dans Pierre-Georges Roy, Les petites choses de notre histoire. Vol. 3, Lévis, 1922. pp 247-253.
[6] Pierre Tousignant et Madeleine Dionne-Tousignant, « François-Joseph Cugnet », dans Dictionnaire biographique du Canada, Volume IV de 1771 à 1800, Québec, Presses de l’Université Laval, 1980, p. 197-202. [En ligne: http://www.biographi.ca/fr/bio/cugnet_francois_joseph_4F.html]
[7] Marine Leland, « Jean-Baptiste Cugnet, traître? », Revue de l’Université d’Ottawa, Vol. 31 (1961), p. 453.
[8] Marine Leland, « Histoire d'une tradition : “Jean-Baptiste Cugnet, traître à son roi et à son pays” », Revue de l’Université d’Ottawa, Vol. 31 (1961), p. 493.
[9] Robert C. Alberts, The Most Extraordinary Adventures of Major Robert Stobo, Cambridge, The Riverside Press, 1965, p. 130-141.
[10] Louis Fréchette, cite dans Pierre-Georges Roy, « Les traîtres de 1759 », Cahier des Dix , No. 1 (1936), p. 42.
[11] Élisabeth Bégon, Lettres au cher fils. Montréal, Boréal, 1994, p. 177.
[12] Sœur Marie-Joseph Legardeur de Repentigny, dans Le siège de Québec en 1759 par trois témoins, Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1972, p. 17.
[13] La meilleure explication des événements liés à l’anse au Foulon se trouve dans D. Peter MacLeod, Northern Armageddon: The Battle of the Plains of Abraham, Vancouver & Toronto, Douglas & McIntyre, 2008, p. 135-153.
[14] C. P. Stacey, « James Wolfe », dans Dictionnaire biographique du Canada, Volume III de 1741 à 1770, Québec, Presses de l’Université Laval, 1974, p. 721-730. [En ligne: http://www.biographi.ca/fr/bio/wolfe_james_3F.html]
[15] C. P. Stacey, Quebec, 1759: The Siege and the Battle, Montréal, Robin Brass Studio, 2002 (1959), p. 135.
[16] MacLeod, Northern Armageddon, p. 153.
[17] Bien qu’on puisse s’attendre à ce que le mythe du traître des plaines d’Abraham continuera d’avoir la vie dure. Comme l’écrit Gérard Bouchard : « On s’attend à ce qu’un mythe exerce une grande emprise lorsqu’il est étroitement articulé à un puissant archétype et qu’il met en œuvre un large éventail de répertoires discursifs. Certains archétypes sont plus aptes que d’autres à mobiliser les consciences. On pense tout particulièrement aux images du traître et du bouc émissaire ou aux théories du complot dans un contexte d’insécurité et d’impuissance. » Gérard Bouchard, Raison et déraison du mythe. Au cœur des imaginaires collectifs, Montréal, Boréal, 2014, p. 137-138.
[18] Chiffres tirés de Stacey, Quebec, 1759, p. 48.
[19] Jacques Mathieu et Sophie Imbeault, La guerre des Canadiens : 1756 1763, Québec, Septentrion, 2013, p. 237 et p. 240.
[20] Ceci est encore plus vrai concernant un conflit civil comme la Révolution américaine où « trahison » et « patriotisme » s’interchangent à l’époque selon que la perspective soit américaine ou britannique. Kenneth A. Daigler, Spies, Patriots, and Traitors: American Intelligence in the Revolutionary War, Washington, Georgetown University Press, 2014, p. 47-48.
[21] Vaudreuil à Lévis. À Montréal, le 13 octobre 1759, dans H. R. Casgrain (dir.), Lettres du marquis de Vaudreuil au Chevalier de Lévis, Québec, L.-J. Demers & Frères, 1895, p. 124.
[22] Stéphane Genêt, Les espions des Lumières. Actions secrètes et espionnage militaire au temps de Louis XV, Paris, Nouveau Monde Éditions et Ministère de la Défense, 2013, p. 21.

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