Showing posts with label Restauration et conservation. Show all posts
Showing posts with label Restauration et conservation. Show all posts

28 August 2019

Québec néglige son patrimoine

Église Saint-Coeur-de-Marie, quelques jours avant
le début de sa démolition en 2019.

« Ah non, pas un autre crisse de musée. » Voilà les paroles prononcées par un promoteur immobilier alors que nous étions un groupe rassemblé pour discuter l’avenir des Nouvelles-Casernes de Québec. Décidément, mon idée de les transformer en musée de la Nouvelle-France froissait. Pire, je constate que l’histoire et le patrimoine sont devenus gênants pour la ville de Québec en général. Le 21 août 2019, le Globe and Mail publiait un article reconfirmant à nouveau qu’il y a une « vague de destruction » qui s’abat présentement sur le patrimoine architectural de Québec. Je partage le même avis.

La facade du Patro St-Vincent-de-Paul,
détruite en 2010.
Cela fait maintenant onze ans que j’habite à Québec; j’y suis déménagé de l’Ontario justement pour ce que je croyais être à l’époque son amour de l’histoire. Québec est unique non seulement dans la province, mais au monde : rappelons-nous qu’il est classé parmi les sites patrimoniaux de l’UNESCO. Pourtant, depuis la célébration de son 400e anniversaire, j’ai vu ses efforts de conservation s’effriter. On troque l’histoire pour une modernité forcée (le maire Labeaume n’avait-il pas déclaré, après tout, qu’il voulait que Québec devienne le nouveau Montréal?). Les victimes ont été nombreuses et continuent de cumuler. Parmi les exemples les mieux connus se trouvent la façade du Patro St-Vincent-de-Paul détruite en 2010 et cette année, l’église Saint-Cœur-de-Marie, un des plus beaux exemples d’architecture néo-byzantine, quelques mois à peine avant son centenaire. Je rappelle également qu’à Jamestown, lieu de fondation de ce qui deviendra les États-Unis, il n’y a pas un, pas deux, pas trois, mais quatre musées dédiés à ce site historique, alors qu’ici à Québec, nous venons de fermer le Musée de la Place-Royale, qui commémorait le site de la fondation de l’Amérique française. Parlant d’institutions, il semble qu’il faut régulièrement se battre pour avoir accès à nos collections, qu’il s’agisse d’empêcher la fermeture de centres d’archives ou bien le déménagement de nos artefacts dans la région de la capitale fédérale. Enfin, alors que certaines villes comme Schenectady, New York, tentent de renouer avec leur passé architectural en construisant de nouveaux édifices publics qui s’intègrent bien avec la tradition architecturale locale, Québec a une obsession en ce moment avec des projets immobiliers qui s’agencent mal avec le patrimoine du Vieux-Québec (taisons le nom d’un certain bâtiment en vitre dont la construction achève bientôt à la Place d’Youville…).

Le Musée de la Place-Royale, vidée, silencieuse...
Alors que Québec se targue d’être l’Accent d’Amérique, slogan qui « exprime ce qui fait notre singularité, historique et contemporaine, et vise à projeter une image attrayante de la ville. », il faudrait peut-être qu’elle se rappelle ce qui la rend unique et attrayante en premier lieu. Les gens viennent à Québec pour son patrimoine, son histoire, son train de vie. Et pourtant, comme le rappelle l’article du Globe and Mail cette semaine, la ville commence à être victime de son propre succès économique. Il est à se demander si la modernisation de la ville se fait aux dépens de son âme patrimoniale? Je peux déjà témoigner que les fluctuations d’accès au patrimoine archivistique et muséal ont déjà découragé dans le passé plusieurs collègues américains de visiter la ville. Même pour le tourisme en général, c’est donc bien beau d’accueillir des navires de croisière, mais n’oublions pas qu’il faut maintenir leur raison de visiter la ville. C’est ce qu’il y a de sournois avec l’effritement du patrimoine : ça se fait petit à petit et par le temps qu’on le remarque, il est souvent trop tard pour inverser la tendance. Bref, si les promoteurs immobiliers ne se soucient pas de protéger et même de valoriser notre patrimoine, qui le fera? J’encourage donc à mes lecteurs de contacter leur député municipal, provincial et fédéral pour les encourager à non seulement augmenter la protection de notre patrimoine, mais d’encourager sa mise en valeur active.

Et qui sait, peut-être un jour aurais-je enfin mon Musée de la Nouvelle-France…?

20 May 2019

A French & Indian War Treasure Discovered

Dean Carlson, the Curator of the Museum of Connecticut History in Hartford, was quoted as having a "cerebral meltdown" when viewing what was uncovered behind a wall in a local old home... and to be honest, so am I! The Hartford Courant published yesterday an article regarding the discovery of an amazing sketch that seems to depict a battle during the Seven Years' War in America, or possibly (though less likely if you ask me) from the American Revolution. You can read the full article here. It isn't known if the art was produced by someone who witnessed the battle or simply by a person illustrating one he heard about.
Though I won't repeat the reporting here, I wish to share details that struck my eye observing this wonderful piece of hidden history. 

The original photo from the Hartford Courant

The use of bows and arrows during the Seven Years Wars was often dismissed
by Historians who believed firearms had long replaced them. Though archival
proof exists proving they were indeed used, this is some of the only
iconography I've ever seen.

A cannon being fired. 

The enemy, both French and Indigenous, represented in black and differentiated
by the French wearing hats.

A victim of arrows.

Working with only two colours, the artist could draw the British
in more detail, with hats, pants and shoes. 


No doubt the British and French commanders, leading with their swords.

I can only hope one day I'll have the chance to take a closer look at this unexpected and wonderful visual representation from the French and Indian War.

25 April 2017

Canon de La Belle

Je viens de découvrir le merveilleux site Sketchfab. Il s'agit d'un dépôt de modèles 3D.  En furetant, on peut parfois trouver des objets en lien avec la Nouvelle-France. Voici un canon retrouvé à bord de l'épave de La Belle, le navire de l'explorateur Cavelier de La Salle. Et vous, que trouverez-vous d'autre?

14 June 2016

Stupeur et inquiétude : fermeture d’un centre d’archives important

Source: MCQ
Récemment, nous apprenions que les « Musées de la civilisation de Québec (MCQ) ont procédé, le 1er avril, au démantèlement complet de leur service de la recherche et s’apprêtent, le 23 juin prochain, à fermer la salle de consultation de leurs archives »1. Cette nouvelle a ébranlé non seulement le monde de la production scientifique francophone, mais a aussi semé le désarroi chez nos collègues anglophones2.

En guise de réponse, Stéphan La Roche, le Directeur général des MCQ, a produit cette lettre. En somme, une question budgétaire est évoquée pour expliquer l’inexplicable. M. La Roche tente par la suite de nous rassurer, sans réussir pour autant, en tentant d’abord de justifier ces mesures et ensuite de nous démontrer en quoi le service de recherche sera meilleur par son virement numérique…

À quoi bon se targuer d’être une collection reconnue par l’UNESCO lorsqu’il n’est pas permis à son contenu d’être mis en valeur par les chercheurs?

Si mes collègues se sont déjà prononcés dans leur pétition à cet effet, j’aimerais ici évacuer ma profonde inquiétude. Je suis en pleine session de recherche qui doit être terminée pour 2017 alors que j’entamerai la période de rédaction de ma thèse doctorale. Pour mes lecteurs qui ne sont pas au courant, je travaille présentement sur le renseignement pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763). Parmi les centres d’archives que je dois consulter, les collections du Centre de référence de l’Amérique française des MCQ sont parmi les plus précieux. À lui seul, le fonds Viger-Verreau contient de nombreux journaux et correspondances militaires nécessaires pour l'achèvement de ma thèse. Sans ces collections, elle sera non seulement appauvrie par l’absence de ces riches sources, mais perdra aussi de son originalité. Pour ne nommer que quelques fonds que je comptais consulter cet été :
  • Beauharnois, Charles. Correspondance. 1741-1747.
  • Boucher de La Perrière, François-Clément. Documents militaires, correspondance avec Varin, Vaudreuil et Bizon. 1694-1808.
  • De Muy, Pierre-Charles. Documents militaires et financiers, correspondance de Hocquart, de D’Auteuil, et de Bigot. 1727-1799.
  • Dubreuil, François LaCorne. Correspondance de famille. 1760-1801.
  • Le Gardeur de Saint-Pierre, Jacques. Correspondance avec Beauharnois. 1731-1754.
  • Margane de Lavaltrie, Pierre. Correspondance avec Vaudreuil et Périnault. 1741-1794.
  • Marin De La Malgue, Pierre-Paul. Correspondance de Duquesne et de Joncaire. 1753-1755.
  • Pécaudy de Contrecœur, Pierre. Correspondance, documents relatifs à sa famille. 1720-1767.

Bref, comment puis-je espérer avoir accès à ces documents qui me sont d’une importance primordiale alors qu’on ferme les portes de ce trésor national et qu’on demeure évasif sur le retour de leur consultation?

Je profite également de ce billet pour dénoncer le changement d’horaire qui a eu lieu l'hiver dernier au Musée de l’Amérique francophone, institution des MCQ. Pour mes lecteurs qui ne le savent pas encore, la direction a cru bon de limiter aux fins de semaine seulement les heures d'ouverture d’hiver de l’institution, et pour les archives, un jour par semaine seulement. Ceci a eu un impact considérable pour la ville de Québec. Chaque année, j’accueille chez moi des collègues de l’Ontario et des États-Unis en visite pour consulter les archives des MCQ. Les sujets qu’ils étudient sont nombreux : la guerre, la mode, les maladies, la religion, la sorcellerie sous le Régime français, le Pays des Illinois, le Pays d’en Haut, la Louisiane et j’en passe. Je peux confirmer que certains collègues se sont vus forcés d’annuler leurs plans de visiter Québec pendant l’hiver, leur seule période disponible pour voyager, en constatant ces heures d’ouvertures limitées. Que dire donc de ces collègues qui n’auront plus du tout accès, été comme hiver, à leurs sources primaires? On peut facilement deviner l’impact que ces heures d’ouverture limitées auront sur l’économie locale par l’étouffement du tourisme historique et des séjours de recherche. Après tout, le tourisme à Québec se fonde sur l’histoire et le patrimoine de la ville. Si on ne protège pas ce patrimoine et qu’on ne le met pas en valeur, on se met à dos non seulement nos visiteurs potentiels mais aussi la reconnaissance de l’UNESCO.

Compte tenu du peu de temps qu’il me reste pour compléter ma recherche doctorale dans la prochaine année, je prie Monsieur le Directeur et le conseil d'administration des MCQ de réviser leur décision rapidement, car celle-ci a eu un impact concret sur la recherche de professionnels d’ici et d’ailleurs. Du même souffle, j’invite mes lecteurs à écrire non seulement aux MCQ pour appuyer la réouverture des archives, mais également à leurs députés pour s’assurer d’un financement adéquat de cette précieuse institution.

Joseph Gagné
Historien et doctorant à l’Université Laval

Notes et sources :
  1. Hébert, Karine, Martin Pâquet et Sophie Imbeault. « Les Musées de la civilisation : une institution publique ou un entrepôt numérique? » Argument 2016 - Exclusivités web 2016, (juin 2016). En ligne : http://www.revueargument.ca/article/2016-06-07/672-les-musees-de-la-civilisation-une-institution-publique-ou-un-entrepot-numerique.html
  2. Peace, Thomas. « Shuttering Archives: A UNESCO Recognized Collection to Close its Doors to the Public ». ActiveHistory.ca, (6 juin 2016). En ligne : http://activehistory.ca/2016/06/closing-of-the-french-america-reference-centre/

La Roche, Stéphan. « Archives et recherche aux Musées de la civilisation : des inquiétudes du milieu ». Musée de la Civilisation (7 juin 2016). En ligne : http://blogues.mcq.org/blog/2016/06/07/archives-et-recherche-aux-musees-de-la-civilisation-des-inquietudes-du-milieu/

07 November 2015

La numérisation à BAnQ

Bibliothèque et Archives nationales du Québec nous offre un coup d’œil sur le processus de numérisation de ses collections. Visitez leur site ici.

12 October 2014

Besoin d'un brin d'amour...

Aujourd’hui j’apprends que le plus vieux moulin à farine du Québec risque d’être abandonné. Situé à Château-Richer sur la côte de Beaupré, le Moulin du Petit-Pré date de 1695. Il semblerait que le manque d’intérêt des touristes soit en cause. Cliquez ici pour l’article qui en parle plus en détail. En espérant que quelqu’un prendra la relève et que le public sera au rendez-vous!

23 October 2013

Bonne nouvelle pour une maison patrimoniale aux Illinois!

Photo : Joseph Gagné, octobre 2010
En 2010 et en 2013, j'ai eu le plaisir de visiter Sainte-Geneviève au Missouri. Ces deux fois, j'ai pris l'occasion de visiter la superbe maison Béquette-Ribault. Laissée un peu à l'abandon, n'importe qui pouvait constater qu'elle avait besoin d'amour et d'attention de la part de conservateurs... Eh bien! Je viens d'apprendre qu'elle a été récemment achetée par un certain Hank Johnson. Le nouveau propriétaire veux lui donner une cure de jeunesse afin d'en faire un nouveau centre d'interprétation, à l'image de la maison Bolduc. Vous pouvez vous renseigner davantage au Ste. Genevieve Herald en suivant ce lien.

29 August 2013

Le mystérieux Jean-François Bernier

Le métier d’historien est parfois pénible et frustrant. Autant qu’on veuille bien élucider un mystère, le manque de sources ou la difficulté d’y avoir accès peut ériger des obstacles qui ne sont pas facilement surmontables. Prenons l’exemple de Jean-François Bernier.
Qui est-il? J’aimerais bien le savoir!
La Nouvelle-France et
le Pays des Illinois (encadré orange)
Source : BAnQ
Remontons d’abord à la genèse de l’intérêt pour cet illustre inconnu. Il m’arrive parfois de voyager entre l’Illinois et le Missouri pour visiter le Pays des Illinois. Cette ancienne colonie qui dépendait du gouvernement de La Nouvelle-Orléans se situait approximativement entre la rivière des Illinois et la rivière de l’Ohio. Au printemps 2013, j’ai eu l’occasion de visiter à nouveau le joli village de Sainte-Geneviève. Fondé quelque temps dans les années 1750, ce petit patelin est rapidement devenu un des joyaux de la colonisation française au cœur de la vallée du fleuve Mississippi. Toujours aujourd’hui, nous y trouvons parmi les plus beaux exemples d’architecture créole du XVIIIe siècle (lorsque je parle de « créole », il s’agit du contexte de colon français né dans le Pays des Illinois, et non d’une personne née d’un mariage mixte. Tout comme le terme « Canadien » à l’époque désigne un Français né dans la colonie du Canada.). Accompagné de ma copine et d’amis de Québec, j’ai eu le bonheur de revisiter certaines maisons historiques, dont la maison Bolduc qui est aujourd’hui un lieu patrimonial. Cependant, grâce à l’amabilité de notre guide Bonnie Samuelson, nous avons aussi eu le privilège de faire une visite guidée de plusieurs résidences privées, normalement clos au public. Notre dernier arrêt n’était nul autre que l’ancienne maison de Jean-François Bernier.
Construite en 1787, la maison a presque succombé aux flammes lorsqu’un incendie s’y est déclaré en juin 2010. Heureusement, par pure coïncidence, les membres des pompiers bénévoles de Sainte-Geneviève étaient tous rassemblés pour leur réunion mensuelle ce même soir. Ils ont donc pu combattre le feu avant qu’il ne consomme le bâtiment entier. Abandonné comme tel pendant quelques années, c’est au mois de mai 2013 que le couple Ed et Lauren Moore l’achète pour le rénover.

La maison François Bernier
Sainte-Geneviève, Missouri
De l’extérieur, nous n’aurions jamais deviné qu’il s’agissait d’une maison coloniale française. Seule indice : quelques planches arrachées du revêtement extérieur qui révèlent la construction en poteaux. (D’ailleurs, David MacDonald, un de mes amis américains qui nous accompagnait, aime blaguer qu’il aimerait bien se promener dans Sainte-Geneviève avec un levier pour voir quelles autres maisons créoles se cachent derrière des revêtements modernes…)

Un brin d'histoire bien caché...
La scène intérieure, toutefois, est désolante : le sinistre n’a pas achevé la maison, mais tout comme. Suffise de dire qu’après les flammes et l’extraction de matériel irrécupérable, il ne reste que la charpente de la maison à base de poteaux sur sole. Tout est à refaire, tout en essayant de conserver le plus de poteaux originaux que possible (sauf exception des pièces carbonisés). C’est un dur travail de rénovation qui attend les Moore. Heureusement, leur passion sera sans doute à la hauteur!

Un patrimoine endommagé...
Cela dit, nous revenons à notre énigme initiale : Ed et Lauren veulent connaître la biographie du premier propriétaire de leur nouvelle maison. Je me suis donc offert pour les aider de mon mieux. J’ai commencé mes recherches à partir de ces trois indices : selon la tradition locale, Bernier était originaire de Cap-Saint-Ignace; ses enfants sont tous nés après 1780 et nous savons qu’il est mort à Sainte-Geneviève. Me servant de la base de données du Programme derecherche en Démographie Historique, j’ai retracé tous les François Bernier nés dans le coin. Éliminant un à un tous les individus décédés dans la région, il ne me restait que Jean-François Bernier, né en 1738, et un François-Xavier Bernier, né le 3 avril 1710. Le PRDH n’a pas pu retracer leurs lieux de décès. Toutefois, il est évident qu’on peut éliminer François-Xavier qui ne porte pas le bon prénom et qui, sans doute, n’a pas eu d’enfants si tard.
À partir d’ici, il est facile de trouver l’acte de baptême original de Jean-François. Nous savons donc qu’il est né le 27 février 1738 à Cap-Saint-Ignace, et qu’il a été baptisé le 4 mars de la même année dans la paroisse Saint-Ignace-de-Loyola. Ses parents sont Louis Bernier (baptisé le 2 septembre 1707 à Cap-Saint-Ignace, décédé le 1er mars 1794 à L’Islet) et Marguerite-Françoise Lemieux (baptisée le 14 septembre 1710 à Cap-Saint-Ignace, décédée le 28 janvier 1782 à L’Islet), mariés le 17 avril 1730. Enfin, Jean-François est le sixième de quatorze enfants. Ce nombre élevé de frères et de sœurs complique la division de la terre familiale, expliquant donc en partie pourquoi Jean-François a choisi de s’installer aux Illinois.
L’internet nous offre quelques autres dates ayant rapport à François et sa famille (dont ici : https://familysearch.org/pal:/MM9.2.1/STD8-DHY). Toutefois ces données sont criblées d’erreurs. Certains sites vont même donner un tout autre nom à sa femme. Comment s’y retrouver sans les documents originaux pour double vérifier? Bibliothèque et Archives nationales du Québec m’offraient deux perspectives potentielles intéressantes. D’abord, PISTARD, le moteur de recherche des archives.
Rien.
Ensuite, la base de données Parchemin, qui énumère tous les actes notariés de la vallée du Saint-Laurent
Non plus.
Je me suis tourné à l’index du fonds Kaskaskia Manuscripts, c’est-à-dire les actes notariés de Kaskaskia.
Échec à nouveau.
Enfin, j’ai vérifié le recensement espagnol de 1766 de Sainte-Geneviève.
Nada.
Décidément, soit que François Bernier arrive plus tard au Pays des Illinois ou bien il est recensé dans un autre document que je ne connais pas.
Bref, impossible de déterminer à partir de BAnQ quand François quitte le Canada pour la Haute-Louisiane (autre nom donné au Pays des Illinois). Est-ce que cela veut dire pour autant que je dois abandonner la recherche? Non. Il nous reste quelques options qui devront attendre un voyage hors du pays : par exemple, je pourrai peut-être trouver des indices au Missouri History Museum parmi les French and Spanish Archives de 1763-1841. Il ne faut pas négliger non plus les archives paroissiales de Sainte-Geneviève et d’autres sources d’actes notariés, trouvées aux États-Unis.
Voilà donc qui illustre les problèmes que nous, historiens, pouvons rencontrer lors de nos recherches. Remarquez, ma recherche au sujet de François Bernier n’a duré qu’une journée. Avoir plus de temps à me concentrer sur ce problème, sans doute je pourrais dégager plus d’information. Aussi, j’ai dû dépendre des outils de recherche à ma disposition. Qu’importe la qualité de l’outil ou de l’index utilisé, il se peut toujours qu’un document ou une information y échappe. Qui dit bon historien dit souvent historien chanceux : on trouve souvent des documents importants par accident. J’ajouterais toutefois que tout bon historien est un historien patient et débrouillard : certes, je n’ai rien trouvé de plus pour l’instant, mais j’ai certainement l’intention de garder l’œil ouvert pour François Bernier dans mes futures pérégrinations archivistiques.
Entre-temps, souhaitons à Ed et Lauren Moore autant de chance et de patience dans la restauration de la maison François Bernier!

[I would like to thank Ed and Lauren Moore for their help and permission in writing this blog post. It was a pleasure meeting you and I hope to see the fruit of your labours soon!]

Acte de baptême de Jean-François Bernier
(transcription ci-dessous)
Bat. de Jean françois Bernier 
L’an Mil Sept cent trente huist le quatriesme jour du mois de mars a Été baptisé dans l’Eglise de S.t ignace Par nous soussigné missionaire Jean françois né le vingt septiesme du mois Precedent fils de Louis Bernier habitant de La Paroisse de nôtre dâme de Bon secour Et de Marguerite Lemieux Sa femme, le Parein a Eté Jean françois morneaux Et La Mareine Elizabeth Cloutier fille de deffunt Guillaume Cloutier Lesquels ont tous déclarés ne sçavoir Signer [de ce] interpellée suivant l’ordonance
Frère Simon foucault [recollet]
Liens et lectures suggérés :