29 March 2020

La désertion pendant la Conquête


Ce qui suit est une section de ma thèse que j'ai dû distiller. Au lieu de simplement supprimer le texte, je vous partage l'ébauche originale ici! Bonne lecture!

Détail. Joseph Vernet, 1771.

Déserteurs

Après l’espion et le prisonnier, le principal collaborateur est le déserteur. Bien qu’il soit impossible de connaître le nombre exact de militaires qui s’esquivent de l’armée, les désertions sont « une réalité presque banale de la vie des postes[1] ». Le problème est si répandu que les soldats à risque sont souvent surveillés alors qu’ils opèrent de menues tâches. Pendant la guerre de Sept Ans, l’armée de Frédéric II de Prusse souffre 80 000 désertions. En moins de trois ans, 12 000 hommes fuient la marine britannique. En France, la situation est moins grave, mais à peine[2]. Pour le siège de Québec seul, Stacey appuie le rapport des prisonniers de Wolfe comme quoi, avant septembre, 1 500 Canadiens aient déserté[3].

Normalement, les déserteurs font preuve de discrétion afin de ne pas s’attirer de l’attention. Mais une fois l’alerte donnée, ceci devient plus difficile, comme dans ce cas louisianais digne d’un scénario des Pirates des Caraïbes. Le 4 septembre 1761, le gouverneur Kerlérec ordonne au Sieur de Favrot de s’embarquer avec une trentaine de militaires à bord du Cerf :
Pour courir Sus, et arretter neuf soldats françois, deux Suisses, et quattre matelots tous deserteurs de la garnison du poste de la Balize, qui après avoir Enlevé plusieurs effets du roy, Se Sont Emparés a force ouverte Le Sabre a la main d’un Battiment parlementaire apartenant a un negotiant de Cette ville, et Sur lequel ils sont fait voisle le 31. du mois dernier [août] a la pointe du jour.[4]
Malheureusement, il n’existe aucune pièce dans la collection Favrot qui révèle le dénouement de cette aventure.

Néanmoins, déserter représente non seulement un risque de se faire capturer et punir, mais également de se rendre vulnérable : c’est le cas d’un déserteur du régiment de Berry qui, peu après avoir assassiné un collègue, meurt « dans les bois de froid et de faim[5] ». Puisque la quasi-totalité des soldats provient d’Europe, les déserteurs, sans réseau personnel de secours, sont le plus souvent obligés de rejoindre le côté ennemi. Sur le front européen, plus de 10 000 Français désertent et rejoignent l’armée prussienne, mais comme l’explique Anderson, « they seem to have been half-hearted and useless recruits[6] ».


1. Informations fournies par les déserteurs

Dans son étude sur le renseignement militaire français en Europe, Lee Kennett écrit: « Deserters from the enemy army were questioned as a matter of course, but there is little indication in the official correspondence that these interrogations produced much of great import[7]. » La même chose s’observe en Amérique : il est rare qu’un déserteur fournisse une information aux résultats aussi spectaculaires comme celle qui a permis à Wolfe de dissimuler sa présence à l’anse au Foulon sous la forme du convoi français annulé. La réalité est que l’état-major se méfie tout simplement des déserteurs. Comme l’explique Stéphane Genêt, « Être capturé signifie être un mauvais soldat; déserter est le propre des hommes sans fidélité. De plus, pour être bien accueillis, les déserteurs risquent de dire ce que les officiers veulent bien entendre [8]. » Le dédain du témoignage de ces individus est ressenti en lisant Montcalm qui écrit : « Au reste, ce sont des propos de déserteurs[9]. » Il faut donc s’appuyer sur la concordance entre les dépositions. Bien sûr, il arrive assez souvent que les dépositions se contredisent, comme s’en plaint Montcalm le 18 août 1759 au sujet de « Trois déserteurs qui semblent débiter de vieilles gazettes et se contredisent […] au point de ne pouvoir rien conclure[10] ». À l’inverse, dans une lettre datée du 24 mars 1760, Dumas fait état de « 50 deserteurs qui interrogés separremment auront tous dit la même chose[11] ». De toute évidence, un nombre aussi important de défections reflète les conditions difficiles que vivent les Britanniques occupant la ville de Québec à l’hiver 1759-1760. Bien entendu, même avec une concordance entre les déserteurs, encore faut-il que l’information soit toujours pertinente : en périphérie de la colonie surtout, le temps et la distance que doivent d’abord parcourir les déserteurs ne font que dégénérer la pertinence et l’actualité des nouvelles qu’ils peuvent colporter.

Même si l’état-major reçoit des soldats nouvellement arrivés du camp adverse, rien ne garantit la véracité des informations, même si les transfuges sont honnêtes. Le 31 juillet 1759, un déserteur britannique informe que le feu français sur les batteries anglaises de Lévy a fait des victimes, dont le commandant de la défense. Pourtant, aucune source britannique ne lui donne raison[12]. D’où provient alors cette fausse information? Vu qu’elle n’a aucun impact sur les plans français, on peut supposer qu’il s’agit ici d’une honnête erreur de la part du soldat et que celui-ci n’a pas été envoyé par Wolfe pour semer une désinformation. Ceci dit, la « contre-intelligence » ne requiert pas nécessairement qu’un général envoie chez l’adversaire un faux déserteur pour lui mentir… Il suffit de tenir sa propre armée désinformée : « Comme ce n’est pas la première fois que les déserteurs ont dit des choses contraires à l’événement, il est à croire que les généraux anglais, plus secrets que nous dans leurs délibérations, faisaient courir parmi leurs troupes des bruits tout-à-fait différens des mouvemens qu’ils se proposaient de faire, dont nous avons été plus d’une fois la dupe[13]. »

Bien sûr, il arrive que des déserteurs viennent rapporter des informations très utiles. C’est le cas du dénommé John Ramsey qui joue un rôle important dans l’épisode de l’Affaire Jumonville en 1754. Après l’escarmouche du 28 mai entre 35 soldats des troupes de la Marine et les 47 Virginiens de George Washington, ce dernier se terre dans un fort construit à la hâte qu’il baptise « Necessity ». Quelques jours plus tard, Louis Coulon de Villiers poursuit « l’assassin » de son frère, tué dans l’engagement. Durant sa poursuite, la rumeur qu’une armée de 5 000 Britanniques ait été envoyée en renfort à Washington le fait hésiter. C’est le témoignage de Ramsey, intercepté par des guerriers autochtones alliés, qui rassure De Villiers de l’état lamentable du parti de Washington et qui le convainc de mener un assaut victorieux contre le fort Necessity[14].

À l’inverse, il n’y a aucun doute que certains déserteurs sont en réalité des espions. Bougainville évoque le doute dans le cas de deux déserteurs anglais du fort William Henry « [venus], ont-ils dit, pour déserter, mais plutôt, je crois, pour reconnaître ce que nous faisions[15] ». Un autre cas, cette fois-ci au fort Beauséjour en 1755, illustre non seulement le traitement réservé aux « déserteurs » soupçonnés d’être des espions, mais aussi la piètre qualité de certains individus comme soldats :
A onze heures, un déserteur anglois arriva au fort, qui étoit un matelot des bâtiments de transport. Ce déserteur dit quil étoit irlandois de nation; mais, comme lon ne put avoir de lui aucun avis et quil ne répondit pas juste aux interrogations quon lui fit, on le soupçonna dêtre espion; lon avoit cependant plus de sujets de croire que cétoit un fou; on le mit en prison, les fers aux pieds et aux mains.[16]

2. Identités

Photo: Joseph Gagné 2017
Les déserteurs peuvent êtres des compatriotes s’enfuyant après avoir été forcés à se joindre à l’armée ennemie[17]. C’est le cas de ce Parisien, capturé à Louisbourg et intégré à l’armée britannique, qui rejoint Québec à la nage la nuit du 6 au 7 juillet 1759[18]. C’est également le cas d’un Provençal « dont le père est connu de plusieurs personnes d’icy pour un bon négociant[19] ». Capturé par l’ennemi deux ans plus tôt, il s’échappe lui aussi à la nage après avoir sauté d’une frégate devant Québec.

Les déserteurs ne sont pas que des soldats ou des miliciens; il arrive parfois qu’il s’agisse aussi de guerriers. Par exemple, un groupe très important composé de 200 Autochtones file à l’anglaise quelques jours avant le siège du fort William Henry. Pour éviter de se faire surprendre, ceux-ci font le portage de leurs canots par la forêt. Curieusement, en relatant l’évasion, Bougainville n’est pas tant en colère contre les Autochtones, mais plutôt contre le gouvernement qu’il juge corrompu par les « sangsues de la colonie[20] ». Tout manque à l’armée, alors comment s’assurer de bien équiper les alliés? résonne-t-il. Les déserteurs peuvent également être des civils : c’est le cas le 20 juillet 1759 alors que les Français accueillent le « domestique du second commandant [Monckton] »[21].

Selon Pierre-Georges Roy[22], le traître le plus ignoble est Jean-Marc Bouliane, celui qu’on dénomme « le Suisse ». Celui-ci ne fait pas que fournir des informations aux Britanniques, mais s’engage carrément dans les opérations qui ravagent Baie-Saint-Paul. Ce qui rend la trahison de Bouliane si étonnante est qu’il n’est pas un simple milicien, mais carrément un officier de milice de longue date. Le 4 août 1759, un témoin anonyme écrit dans son journal :
Je viens d’apprendre par des habitans de la baye St. Paul que le nommé Suisse officier de milice de cette paroisse avoit party en canot avec 6 habitans du lieu pour essayer à faire quelques prisonniers à l’Isle aux Coudres, et qu’aussitôt qu’ils furent à terre, le dit Suisse avoit déserté; les ennemis s’embarquèrent aussitôt pour venir couper chemin à nos gens, qui heureusement se sauvèrent.[23]
Originaire de Suisse, Bouliane est présent dans la colonie depuis au moins 1739[24]. Le journal de John Knox indique que l’individu est un capitaine de milice qui s’était attiré la confiance du gouverneur Vaudreuil. Il n’est pas étonnant donc que ce dernier, à la nouvelle de la trahison, ordonne que Bouliane doit être pendu dès qu’on l’aura capturé, « sans hésitation ni cérémonie[25] ». Non seulement ne sera-t-il jamais capturé, mais il s’établira d’ailleurs à l’Isle-aux-Coudres après la guerre!


3. Ce qui pousse à déserter

Les raisons pour déserter sont nombreuses tant chez les soldats que les miliciens. D’abord, le recrutement pendant la guerre de Sept Ans continue de se faire essentiellement de la même façon qu’à la fin du xviie siècle, soit par un mélange d’engagements volontaires ou bien de racolage[26]. Cette dernière méthode est essentiellement d’un engagement forcé qui implique d’enivrer ou de séquestrer le soldat potentiel jusqu’à ce qu’il accepte de s’enrôler[27]. La marine en fait autant : la France et l’Espagne racolent au besoin des hommes pour devenir marins, et il n’y a aucune raison de douter que la marine britannique agit différemment[28]. Même pour ceux qui se sont engagés volontairement, la perspective de guerroyer au Canada n’est pas attirante puisqu’elle les éloigne de leurs familles, amis, amours—en gros, de leur pays. Le dégoût pour le service canadien oblige l’état-major de dissimuler à des milliers de soldats leur destination finale. C’est notamment le cas des volontaires étrangers qui, en 1756, menacent de se mutiner en apprenant leur destination[29]. En somme, il ne faut pas s’étonner si les officiers se plaignent régulièrement des soldats qui sont « mauvais sujets[30] », surtout si ceux-ci se sont fait imposer leur vocation militaire. La désertion est donc perçue comme étant le seul moyen de se libérer d’une mauvaise situation. Les miliciens ne sont guère plus fidèles au poste, la majorité n’ayant jamais connu un effort de guerre semblable :
Jusque-là ces miliciens commandés seulement pour des partis de courte durée ou pour des voyages de long cours, à la vérité, mais qui exigeaient une action continuelle, ne savaient ce que c’était que de rester six mois assemblés en corps et souvent dans des camps d’observation et par conséquent stables. 
De là suit que dans nos armées, le dégoût les prend, le désir de leurs maisons, de leurs semences, de leur récolte les engage à se dire malades. Il faut les renvoyer chez eux ou ils désertent.[31]
Au fur et à mesure que la solde des soldats tarde à être réglée, les risques de désertion augmentent également. Par exemple, en 1759, Jean-Claude Panet rapporte que dans le camp britannique : « […] deux régiments “Royal Americain” […] n’avaient voulu ni travailler ni se battre, disant qu’ils n’avaient point été payées depuis treize mois, qu’on leur avait dit qu’on ne les transportait en Canada que pour leur donner des établissements […][32] ». Les désertions causées par le manque d’argent semblent encore plus importantes chez les militaires d’origines étrangères : Allemands, Italiens, Hongrois, Irlandais et combien d’autres sont embauchés par les deux belligérants pour renflouer leurs forces. En août 1759, un témoin anonyme rapporte « 5 déserteurs venus le 4 [le 1er selon Montcalm] sont des allemands qui avoient été pris l’année dernière en venant icy; ils rapportent qu’il y en a plus de 200 dans le mesme goust et qui n’attendent que l’occasion pour déserter; ces déserteurs ne sçavent pas grand chose ayant toujours resté à bord des vaisseaux; on vient de les incorporer dans le régiment de Languedoc[33] ». Le 22 octobre 1762, Anthony Wheelock, le commissionnaire en matière de prisonniers à New York, reçoit quant à lui quatre déserteurs français du Pays des Illinois. Parmi eux se trouve Jean Cardose, « Native of Hungary, Serjeant of the Marine Company of St Ours has been 20 Years in the French Service[34] ». Venant de passer deux années sans paye, les quatre hommes décident de tenter leur chance chez les Britanniques. En effet, Wheelock s’assure de leur fournir immédiatement un peu d’argent pour la semaine, le temps de leur trouver de l’emploi au sein de l’armée. Néanmoins, si Wheelock choisit d’en informer Amherst, c’est que Cardose transporte avec lui le rolle du détachement de Louis Liénard de Beaujeu, un officier français sur lequel le commandant en chef britannique cherchait à s’informer depuis la reddition de Montréal en 1760[35].

Bien entendu, ce qui pousse les soldats à déserter d’abord et avant tout est la misère ressentie dans les camps. À l’été 1758, la désertion de deux soldats du régiment de la Reine inspire Bougainville à partager sa pensée : « Il est à craindre que le souvenir du malaise de cet hyver, la perspective du prochain, n’occasionnent de la désertion[36]. » Deux ans plus tard, Lévis va se plaindre de l’état lamentable de l’armée[37]. En effet, depuis le début de la campagne de Québec, la disette augmente; par « manque de subsistance, la plûpart des soldats qui sont nourris chés les habitans s’en plaignant beaucoup[38] ».

Enfin, la démoralisation générale incite plusieurs à déserter, particulièrement suivant les événements des plaines d’Abraham : arrivant enfin au camp de Jacques-Cartier le 15 septembre, le chevalier de Lévis intercepte « de nombreux fuyards en chemin[39] ». Parmi ceux-ci ne se trouvent pas que des soldats, mais des habitants aussi; ils seront nombreux à quitter leurs fonctions pendant les prochaines semaines, une fuite « difficile [à] arrêter dans les circonstances où [l’armée se trouve][40]. » Un an plus tard, le désespoir fait reprendre la vague de désertions : « Les Canadiens revenus de l’île aux Noix se retirèrent dans leurs paroisses, et, ayant jeté l’épouvante parmi ceux qui étaient à Saint-Jean, ils s’en allèrent de même; il y eut aussi de la désertion parmi les troupes[41]. » Dans la revue faite des troupes à Montréal le 9 septembre 1760, Lévis compte 927 désertions et absences parmi ses hommes, soit plus du quart de son armée[42]


4. Décourager les désertions

Détail. Joseph Vernet
Arrêter les désertions ne sert pas qu’à éviter la diminution de ses rangs : les informations sensibles fournies par les déserteurs peuvent révéler l’état vulnérable d’une position française. Par exemple, à l’automne 1758, le fort Duquesne est réduit à 300 hommes à cause du manque de vivres. Si la saison avancée fait espérer aux Français que l’ennemi n’attaquera pas le fort, ce sont les renseignements sur l’état lamentable du fort, fournis par des déserteurs et des éclaireurs autochtones, qui encouragent Forbes à attaquer. L’état-major emploie donc de nombreux moyens à prévenir les désertions. Menacer les soldats de leur casser la tête n’est pas suffisant. Il faut surveiller ses hommes en tout temps. Par exemple, on se méfie d’envoyer à la chasse les soldats qu’on soupçonne vouloir déserter[43]. On fait également surveiller les canots et les pirogues. Toutefois, certains réussissent à déjouer la surveillance. Le 24 juillet 1756, Lévis écrit à Vaudreuil :
Il vient de nous arriver quelque chose de fâcheux, qui est la désertion de trois soldats des troupes de la Marine. Ils ont déserté pendant la nuit du 22 au 23 [juillet 1756]. Il y a lieu de croire que c’est dans une pirogue qu’ils ont trouvée. Je n’ai été averti de leur départ qu’à six heures du matin. J’ai fait sur-le-champ partir un détachement de sauvages et de Canadiens pour aller à leur poursuite; ce détachement est rentré sans avoir trouvé aucune de leurs traces. Il y a deux de ces coquins qui ont déjà passé par les verges, il y a longtemps le troisième est un jeune homme que, sans doute, ils ont débauché. On dit que ce sont des drôles fort intelligents, qui sont en état de rendre compte de notre position. Il auroit été fort à désirer qu’ils eussent été pris; j’avois promis aux sauvages trois cents livres de ceux qu’ils m’amèneroient en vie, et cent-cinquante de ceux dont ils apporteroient la chevelure.[44]


5. Capturer et punir ses déserteurs

Comme l’écrit le gouverneur Duquesne en 1753 au sujet d’un déserteur dénommé Mathieu, : « […] je veux que le châtiment que je luy prépare Serve d’Exemple à tout le Canada[45]. » En effet, avant même que la guerre ne soit déclarée officiellement, l’état-major ne semble avoir aucune hésitation à exécuter les déserteurs. Dans son étude sur la punition pour désertion, Nicolas Fournier rassemble un corpus de 44 procès pour désertion entre 1742 à 1758[46]. Les trois quarts des condamnés sont fusillés, « une méthode d’exécution strictement militaire[47] ». Toutefois, en ce qui concerne la guerre de Sept Ans, Fournier s’est « limité aux deux premières années, à l’exception d’un cas en 1757[48] ». Il est à se demander si une étude sur cette période démontrerait une préférence pour la pendaison ou la « tête cassée » d’une part pour imposer un sort plus infâme aux délinquants, et de l’autre, pour ménager la poudre[49]. [NOTE: Je remercie André Gousse qui clarifie que le terme "casser la tête" serait une métaphore pour la fusillade. Dès que j'aurai des sources concrètes, j'éditerai cette phrase].

En avril 1754, le gouverneur Duquesne écrit à Contrecœur qu’il faut s’empresser de mettre la main sur des déserteurs des Illinois et les renvoyer à leurs garnisons pour être exécutés. Il termine : « Et S’il vous en désertoit quelqu’un pressés vous de Le faire arrêter et d’en faire justice[50]. » Cette même lettre révèle néanmoins que parfois, il est préférable de ne pas poursuivre les fugitifs… C’est le cas de ces quelques déserteurs de Niagara dont le gouverneur écrit à leur propos :« je Suis informé que ce n’etoit que des parfaits yvrognes[51]. » D’autres fois, il est simplement préférable de renvoyer des mauvais soldats en France[52].

Les punitions aux mains des Autochtones sont tout aussi redoutable que celles menées par l’état-major français. Pour prévenir les désertions au fort Carillon, le chef Kisensik menace les déserteurs potentiels : « Que nul ne déserte, ou je l’irai avec mes sauvages chercher jusqu’au fond de l’Angleterre[53]. » De concert, la justice militaire et le châtiment autochtone s’abat sur les déserteurs capturés. C’est le cas de deux soldats de Berry en janvier 1759 : « [ils ont été] ramenés par les sauvages qui ont coupé la tête à l’un, et le conseil de guerre a jugé l’autre[54]. » En août 1760, deux déserteurs anglais se font capturer à Sorel. Soupçonnant qu’il s’agit d’agents pour les Britanniques, les Français les confient aux alliés autochtones. L’un des deux est promptement tué à coup de casse-tête. John Knox, qui note l’incident dans son journal, dénonce le malentendu, confirmant qu’il s’agissait simplement de déserteurs[55].

Certains déserteurs n’ont même pas la chance de se faire juger, étant tués lors même de leur poursuite. C’est le cas d’un soldat de la marine à Québec qui se fait abattre dans l’eau alors qu’il est poursuivi par un parti de volontaires[56].

Il n’est pas toujours aisé de retrouver les déserteurs, surtout dans un milieu sans gazettes dans lesquelles publier des avis de recherche comme le font les colonies britanniques[57]. Dans le Pays d’en Haut, certains se réfugient chez les Autochtones, bien qu’une fois découverts, on tente de les rapporter pour être punis[58]. Ces déserteurs qui se réfugient chez les nations autochtones posent souvent un problème pour les Français en cours de négociations de paix et de guerre. Par exemple, à l’hiver 1754, l’officier Michel Maray de La Chauvignerie se déplace au village de Chiningué[59] dans la vallée de l’Ohio pour rencontrer les chefs des Nations environnantes. Sur les lieux, il peine à persuader ceux-ci des intentions pacifiques des Français qui construisent à l’instant même un nouveau fort dans la région, le futur fort Duquesne. Avant son arrivée, ces chefs s’étaient fait avertir par dix déserteurs du Pays des Illinois que les Français « ne venoient que pour les détruire[60] ». Face à ses informations contradictoires, la tâche diplomatique de l’officier n’est que rendu plus difficile alors qu’il doit déjà médire les paroles britanniques.


6. Amnistie

Ce qu’il faut retenir, toutefois, c’est qu’au fur et à mesure que la guerre avance, la réserve de soldats diminue et l’état-major se voit obligé de faire preuve de mansuétude dans de nombreux cas. Même du côté britannique, un déserteur peut se faire pardonner à condition de réintégrer l’armée. Toutefois, s’il abandonne ses fonctions une deuxième fois, l’état-major instaure immédiatement la peine de mort[61]. Sans oublier que, d’un côté comme de l’autre, il faut tout de même faire attention de ne pas servir d’exemple, tout comme ce déserteur britannique, « [a] notorious offender », qui est pendu alors que neuf autres déserteurs se font pardonner à la même occasion[62]

Les Français vont offrir l’amnistie aux déserteurs à plusieurs reprises. Le 29 décembre 1757, le roi lui-même offre son pardon :
Sur ce qui a été représenté à Sa Majesté en faveur des soldats qui ont déserté des troupes des colonies françoises de l’Amérique, que ce n’est que par légèreté et faute d’expérience qu’ils se sont laissés entraîner dans ce mauvais parti, et qu’ils en sont d’autant plus repentants, qu’ils souffrent une misère extrême, soit dans les colonies étrangères où ils se sont retirés, soit aux colonies françoises même, où ils sont obligés de se tenir cachés dans des endroits écartés, en attendant que Sa Majesté veuille bien les faire ressentir des effets de sa clémence, Sa Majesté voulant bien leur en donner les moyens, quoique le crime dont ils se sont rendus coupables, soit de l’espèce de ceux qui doivent être le moins pardonnés, elle a quitté, remis et pardonné, quitte, remet et pardonne le crime de désertion commis par les soldats des troupes qu’elle entretient dans les colonies et l’Amérique, soit qu’ils se soient retirés dans quelques quartiers des dites colonies, soit qu’ils en soient sortis pour passer dans les colonies étrangères défendant Sa Majesté à tous ses officiers et ses autres sujets, de les inquiéter pour raison du dit crime de désertion, à condition que, dans un an du jour de la publication de la présente ordonnance, ils se représenteront devant les gouverneurs et lieutenants-généraux pour Sa Majesté aux dites colonies, pour être incorporés dans les troupes, et continuer d’y servir en leur qualité de soldats voulant et entendant Sa Majesté que ceux qui ne se présenteront pas dans le dit temps soient privés de la présente amnistie mande et ordonne Sa Majesté au sieur marquis de Vaudreuil, gouverneur et lieutenant-général de la Nouvelle-France au sieur Bigot, intendant au dit pays, et autres officiers qu’il appartiendra de tenir la main à l’exécution de la présente ordonnance, qui sera lue, publiée et affichée partout où besoin sera.[63]
Au seuil de la bataille de Sainte-Foy, Lévis écrit un manifeste à l’intention des déserteurs français intégrés à l’armée britannique, les menaçant d’exécution s’ils sont capturés. Néanmoins, il offre pardon et amnistie à ces mêmes individus s’ils rejoignent l’armée française[64]. En Louisiane, on fait appel à la même tactique pour tenter de renflouer ses forces et à limiter les dommages que peuvent causer les déserteurs : après publication des ordonnances du roi leur offrant amnistie, il s’en présente… quatre[65].

Avant même de se faire offrir l’amnistie, certains déserteurs vont se racheter. Le cas le plus intéressant est sans doute celui de Pierre Chartier dit La Victoire, un soldat de la compagnie de Vergor. Un déserteur du fort Beauséjour, il se réfugie chez les Acadiens. Quelques années plus tard, soit en 1755, il apprend que les Britanniques s’apprêtent à assiéger son ancien poste. Bien que sa tête soit mise à prix par les autorités françaises, La Victoire avertit non seulement le fort, mais offre de combattre sous les ordres du commandant Vergor en échange d’un pardon. Le gouverneur Vaudreuil s’occupera lui-même de confirmer cette grâce auprès du ministre de la Marine[66].


7. Encourager la désertion chez l’ennemi

"He Befriended me Greatly" par Robert Griffing. Détail.
Les Français notent régulièrement l’état des forces ennemies. Au siège de Chouaguen en 1756, Bougainville écrit : « Il n’y a guère que 6 ou 700 hommes de garnison, mal nourris, de mauvaise volonté, découragés, prêts à déserter à la première occasion[67] ». En connaissance d’une telle nouvelle, un général peut bien chercher à miner davantage la morale basse des soldats de l’adversaire. On le voit avec Wolfe qui affiche des placards à l’intention des miliciens canadiens autour de Québec afin de les décourager de poursuivre la guerre. Tout comme les Américains pendant leur révolution, les Français vont chercher à trouver moyen d’encourager les désertions chez les Britanniques[68]. Par exemple, en janvier 1759, Bougainville apprend que 10 000 Écossais viennent de s’embarquer pour l’Amérique[69]. C’est un chiffre impressionnant considérant que la France envoie moins de 8 000 troupes de Terre au Canada pour l’entièreté de la guerre. Observant qu’il y a déjà un contingent important d’Écossais en Amérique[70], Bougainville écrit dans un rapport de 1758 : « Il serait peut être aussi très avantageux d’envoyer [au Canada] 150 tant Écossais qu’Irlandais et Allemands pour attirer les déserteurs de ces nations et il y en aurait beaucoup[71]. » En janvier 1759, il élabore davantage :
Une troupe d’Écossais ne fût-elle que de 60 hommes conduite par un MacLean ou un MacDonel ou par quelqu’autre de ces chefs de tribu dont les noms sont chéris et respectés par tous les montagnards. Ces derniers sentent bien qu’on ne les envoye en foule en Amérique qu’afin de dépeupler leur pays suspect au gouvernement et de les faire périr. Ceux que nous avons pris nous l’ont dit cent fois et s’ils voyaient dans notre armée une troupe de leurs compatriotes et un chef connu par eux, un grand nombre viendrait se ranger à son drapeau et ce secours de 60 hommes en deviendrait un très considérable[72].
Rien n’indique toutefois que ce plan ait été mis en exécution ou qu’il ait fonctionné.


8. La capitulation et les déserteurs

La capitulation de Montréal, le 8 septembre 1760.
Après la reddition de Montréal le 8 septembre 1760, il y a toujours la question du traitement des déserteurs à régler. Après tout, si plusieurs soldats ont été contre leur gré dans la colonie, d’autres ne veulent pas plus retourner en France. Sur ce point, Amherst refuse catégoriquement d’approuver l’Article 7 de la capitulation de Montréal tel que proposé par l’état-major français :

Les sujets de Sa Majesté Britannique et de Sa Majesté Très Chrétienne, soldats, miliciens ou matelots qui auront déserté ou laissé le service de leur Souverain et porté les armes dans l’Amérique Septentrionale seront de part et d’autre pardonnés de leurs crimes; ils seront respectivement rendus à leur patrie, sinon ils resteront chacun où ils sont sans qu’ils puissent être recherchés ou inquiétés.[73]

En somme, tous les militaires français doivent être renvoyés en France. La mise en pratique de cette opération, toutefois, se montre plus difficile que prévu. Même une fois retourné de l’autre côté de l’Atlantique, Lévis s’en plaint au secrétaire d’État de la Guerre :
Je crois devoir vous informer que les Anglois voyant le peu de transports qu’ils avoient pour remplir les engagements de là capitulation me proposèrent de faire passer par la Nouvelle-Yorck nos bataillons pour y être embarqués plus commodément. Je m’y suis fortement opposé ils auroient été anéantis dans cette route en désertant de plein gré ou par subornation.
Je pense que ces bataillons ramènent en France quinze ou seize cents hommes plus de cinq cents ont quitté depuis la capitulation. Je désirerois que toutes procédures à cet égard, au. cas que les corps veulent agir contre eux, fût suspendue jusqu’à ce que j’aie eu l’honneur de vous informer de ce que j’ai fait touchant ces déserteurs, et de ce qu’ils peuvent réclamer en leur faveur. Ce mal est venu d’un abus, dès le principe, de leur avoir permis de se marier, de prendre des terres et de leur promettre leur congé après la guerre du Canada finie. Le plus grand nombre de ces déserteurs sont des gens établis, ou qui avoient pris des mesures pour l’être, et qui n’ont point voulu abandonner un état qu’on leur avoit permis de se faire.[74]



[1] Gilles Havard, Empire et métissages : Indiens et Français dans le Pays d’en Haut, 1660-1715. Québec et Paris, Septentrion et Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2017 (2003), p. 244.
[2] M.S. Anderson, War and Society in Europe of the Old Regime 1618-1789, Montreal et Kingston, McGill-Queen’s University Press, 1998, p. 165.
[3] C. P. Stacey, Quebec, 1759: The Siege and the Battle, Montréal, Robin Brass Studio, 2002 (1959), p. 158.
[4] Kerlérec à Favrot. À La Nouvelle-Orléans, le 4 septembre 1761, dans The Favrot Papers, 1695–1769. Volume 1, La Nouvelle-Orléans, Louisiana State Museum, 1940, p. 35.
[5] Léonard Bouchard, Morts tragiques et violentes au Canada, 17e et 18e siècles, Québec, Publications audiovisuelles, 1982, p. 416.
[6] Anderson, War and Society..., p. 130.
[7] Lee Kennett, « French Military Intelligence, 1756-1763 », Military Affairs, Vol. 29, No. 4 (hiver 1965-1966), p. 202.
[8] Stéphane Genêt, « Le renseignement militaire sur les théâtres coloniaux : les enseignements de la guerre de la Conquête », dans Bertrand Fonck et Laurent Veyssière (dir.), La fin de la Nouvelle-France, Paris, Armand Colin et Ministère de la Défense, 2013, p. 208.
[9] Louis-Joseph de Montcalm (Édité par Robert Léger), Le journal du Marquis de Montcalm, Montréal, Éditions Michel Brûlé, 2007, p. 486.
[10] Ibid., p. 484.
[11] Dumas à Vaudreuil. Au fort Jacques-Cartier, le 24 mars 1760 vers minuit, dans « Lettres de Vaudreuil, de Lévis et de Dumas En 1760 », Rapport annuel des Archives nationales du Canada. 1905. Vol. i. Ottawa, S. E. Dawson, 1906, 4ème partie, p. 19.
[12] Anonyme (Édité par Bernard Andrès, Patricia Willemin-Andrès et Aegidius Fauteux), Journal du siège de Québec du 10 mai au 18 septembre 175, Québec, Presses de l’Université Laval, 2009, p. 107 et p. 199-200, note 266.
[13] Le siège de Québec en 1759 par trois témoins, Québec, Ministère des Affaires culturelles, 1972, p. 110.
[14] Robert C. Alberts, The Most Extraordinary Adventures of Major Robert Stobo, Cambridge, The Riverside Press, 1965, p. 69-70.
[15] L’officier n’offre aucun détail de ce qui leur est arrivé outre le fait que l’un d’eux eu « l’épaule cassé de plusieurs coups de fusils » après s’être fait surprendre par des guerriers sauvages. Louis-Antoine de Bougainville, Écrits sur le Canada, Québec, Septentrion, 2003, p. 229-230.
[16] Journal de l’attaque de Beauséjour, dans H. R. Casgrain (dir.), Relations et journaux de différentes expéditions faites durant les années 1755-56-57-58-59-60, Québec, L.-J. Demers & Frères, 1895, p. 23.
[17] Genêt, « Le renseignement militaire… », p. 207.
[18] Anonyme, Journal du siège de Québec…, p. 89.
[19] Le chroniqueur continue sa description : « ce garçon étant un fameux libertin, après avoir dépensé son argent, s’étoit embarqué dans un corsaire, ressource ordinaire des libertins ». Ibid., p. 93.
[20] Bougainville, Écrits sur le Canada, p. 218.
[21] Anonyme, Journal du siège de Québec…, p. 100.
[22] Pierre-Georges Roy, « Les traîtres de 1759 », Cahier des Dix , No. 1 (1936), p. 57.
[23] Anonyme, Journal du siège de Québec…, p. 110.
[24] Roy, « Les traîtres de 1759 », p. 58.
[25] John Knox, An Historical Journal of the Campaigns in North-America, for the Years 1757, 1758, 1759, and 1760 [Etc.]. Vol. 2, Londres, W. Johnston, 1769, p. 27. Voir aussi : Jacques Mathieu et Sophie Imbeault, La guerre des Canadiens : 1756 1763, Québec, Septentrion, 2013, p. 75.
[26] Anderson, War and Society..., p. 162-163.
[27] Jay Cassel, « Troupes de la marine in Canada, 1683-1760: Men and Material », thèse de doctorat, Toronto, University of Toronto, 1987, p. 86-88.
[28] Anderson, War and Society..., p. 127.
[29] Rénald Lessard « Le corps des Volontaires-Étrangers et la défense de la Nouvelle-France » dans Laurent Veyssière et Bertrand Fonck, dir. La guerre de Sept Ans en Nouvelle-France, Québec, Septentrion, 2012, p. 243-267.
[30] Cette anecdote de Montcalm peut amuser par son vocabulaire qui illustre clairement son agacement envers de tels soldats : « J’ai fourré en prison le sieur Gononesche, mauvais sujet, lieutenant de Berry, dérangement de conduite; il y restera jusqu’au premier bâtiment qui le mènera en France. » Montcalm à Lévis. À Québec, le 22 janvier 1758, dans H. R. Casgrain (dir.), Lettres du marquis de Montcalm au Chevalier de Lévis, Québec, L.-J. Demers & Frères, 1894, p. 121.
[31] Bougainville, Écrits sur le Canada, p. 48.
[32] Jean-Claude Panet, Journal du siège de Québec en 1759, Montréal, Eusèbe Senécal, 1866, p. 10.
[33] Anonyme, Journal du siège de Québec…, p. 112. Voir aussi Montcalm à Lévis. À Québec, le 2 août 1759, dans Casgrain (dir.), Lettres du marquis de Montcalm…, p. 212.
[34] PRO, War Office 34, Vol. 98, F°126-127. Anthony Wheelock à Amherst. À New York, le 22 octobre 1762.
[35] Pour l’histoire complète de Cardose, voir Rénald Lessard, « Les compagnies franches de la Marine au Canada et à l’île Royale (1750-1760) », dans Marcel Fournier, dir. Combattre pour la France en Amérique. Les soldats de la guerre de Sept Ans en Nouvelle-France 1755-1760, Montréal, Société généalogique canadienne-française, 2009, p. 113-114. Pour l’histoire complète de Louis Liénard de Beaujeu, voir Joseph Gagné, Inconquis. Deux retraites françaises vers la Louisiane après 1760, Québec, Septentrion, 2016, 258 p.
[36] Bougainville, Écrits sur le Canada, p. 262.
[37] Lévis à Belle-Isle. Le 28 juin 1760, dans H. R. Casgrain (dir.), Lettres du chevalier de Lévis concernant la guerre du Canada (1756-1760), Montréal, C. O. Beauchemin & Fils, 1889, p. 357-360.
[38] Dumas à Vaudreuil. Au fort Jacques-Cartier, le 13 mars 1760, dans « Lettres de Vaudreuil… », RAC, Vol. i, 4e partie, p. 14.
[39] François-Gaston de Lévis (Édité par Robert Léger), Le journal du Chevalier de Lévis, Montréal, Éditions Michel Brûlé, 2008, p. 158.
[40] Ibid., p. 165.
[41] Ibid., p. 226.
[42] Ibid., p. 238.
[43] Duquesne à Contrecœur. À Montréal, le 15 avril 1754, dans Fernand Grenier (dir.), Papiers Contrecœur et autres documents concernant le conflit anglo-français sur l’Ohio de 1745 à 1756. Vol. 1, Québec, Presses de l’Université Laval, 1952, p. 116.
[44] Lévis à Vaudreuil. Le 24 juillet 1756, dans Casgrain (dir.), Lettres du chevalier de Lévis…, p. 29-30.
[45] Duquesne à Marin. À Montréal, le 27 avril 1753, dans Grenier (dir.), Papiers Contrecœur..., p. 34.
[46] Nicolas Fournier, « Punir la désertion en Nouvelle-France : Justice, pouvoir et institution militaire de 174 à 1761 », mémoire de maîtrise, Montréal, Université du Québec à Montréal, 2013, p. 23.
[47] Ibid., p. 131.
[48] Ibid., p. 64.
[49] En effet, déjà en 1756, l’état-major limite l’utilisation de la poudre, ne s’en permettant même pas pour les exercices de tire. Instructions pour MM. les commandants des bataillons à mesure qu’ils arriveront à Québec, en attendant les ordres de M. le marquis de Vaudreuil. Le 16 mai 1756, dans H. R. Casgrain (dir.), Lettres et pièces militaires, instructions, ordres, mémoires, plans de campagne et de défense, 1759-1760, Québec, L.-J. Demers & Frères, 1891, p. 8.
[50] Duquesne à Contrecœur. À Montréal, le 15 avril 1754, dans Grenier (dir.), Papiers Contrecœur..., p. 115.
[51] Ibid., p. 116.
[52] Vaudreuil au Ministre. À Montréal, le 6 novembre 1755, dans H. R. Casgrain (dir.), Extraits des archives des Ministères de la Marine et de la Guerre à Paris : Canada, correspondance générale, MM. Duquesne et Vaudreuil, gouverneurs-généraux (1755-1760), Québec, L.-J. Demers & Frères, 1890, p. 144.
[53] Montcalm, Le journal du Marquis de Montcalm, p. 406.
[54] Ibid., p. 407.
[55] Knox, An Historical Journal… Vol. 2, p. 379-380.
[56] Montcalm, Le journal du Marquis de Montcalm, p. 487.
[57] En effet, plus de 2 000 déserteurs britanniques sont nommés dans les gazettes coloniales entre la Nouvelle-Écosse et la Georgie. Voir à ce sujet : Thomas Agostini, « “Deserted His Majesty’s Service”: Military Runaways, the British-American Press, and the Problem of Desertion During the Seven Years’ War », Journal of Social History, Vol. 40, No. 4 (été 2007), p. 957-985.
[58] Joncaire à Marin. À Rivière aux Bœufs, le 1er septembre 1753, dans Grenier (dir.), Papiers Contrecœur..., p. 52.
[59] Ambridge, Pennsylvanie. William A. Hunter, « Kaghswaghtaniunt », dans Dictionnaire biographique du Canada, Volume III de 1741 à 1770, Québec, Presses de l’Université Laval, 1974, p. 344.
[60] La Chauvignerie à Saint-Pierre. À Chiningué, le 10 février 1754, dans Grenier (dir.), Papiers Contrecœur..., p. 100.
[61] Voir entre autres cet exemple dans Jeffery Amherst (Édité par J. Clarence Webster), The Journal of Jeffery Amherst Recording the Military Career of General Amherst in America from 1758 to 1763, Toronto, Ryerson Press, 1931, p. 150.
[62] Le 3 août 1760. Ibid., p. 222-223.
[63] De par le Roi. À Versailles, le 29 décembre 1757, dans H. R. Casgrain (dir.), Lettres de la cour de Versailles au baron de Dieskau, au marquis de Montcalm et au chevalier de Lévis, Québec, L.-J. Demers & Frères, 1890, p. 89-90.
[64] Lévis. Manifeste envoyé à Québec, le 16 avril 1760, dans Casgrain (dir.), Lettres du chevalier de Lévis…, p. 290.
[65] ANOM, Colonies, C13A 41, F°153. Rochemore au ministre. À La Nouvelle-Orléans, le 2 janvier 1759.
[66] Le pardon lui sera accordé. Vaudreuil au ministre. À Montréal, le 6 septembre 1755, dans Casgrain (dir.), Extraits des archives…, p. 113-114 et ANOM, Colonies, E 331, Chartier (Pierre), dit la Victoire, Soldat des troupes du Canada, déserteur réhabilité. 1756. Sans folio.
[67] Bougainville, Écrits sur le Canada, p. 107-108.
[68] « Through leaflets and oral communications, the Americans conducted an orchestrated propaganda effort to convince the British troops that food, health care, and personal freedoms were readily available on the American side. With the exception of the personal freedoms, this was hardly the case, but then the point of propaganda is not necessarily to tell the truth. While this campaign might have led to a few desertions from the British army [...] it’s real impact was to contribute to low British troop morale, which in turn led to inactivity on the part of the British command. » Kenneth A. Daigler, Spies, Patriots, and Traitors: American Intelligence in the Revolutionary War, Washington, Georgetown University Press, 2014, p. 59.
[69] Bougainville, Écrits sur le Canada, p. 51.
[70] Par exemple, le 24 août 1756, Bougainville note : « Nouvelles des préparatifs des Anglais vers le lac St-Sacrement, de l’arrivée de lord Loudon avec 5000 Écossais à New-York, qui marchent, dit-on, dans cette partie, nous obligent de hâter notre marche vers cette frontière. » Ibid., p. 123.
[71] Ibid., p. 27.
[72] Ibid., p. 57-58.
[73] Lévis, Le journal du Chevalier de Lévis, p. 240.
[74] Lévis à Belle-Isle. À La Rochelle, le 25 novembre 1760, dans Casgrain (dir.), Lettres du chevalier de Lévis…, p. 387-388.