Lorsqu’un historien fait de la recherche dans les archives, il doit être à l’affut des pistes impensées. En effet, pour ne souligner qu’un exemple, qui aurait songé qu’une partie importante des papiers du gouverneur Vaudreuil se retrouvent aujourd’hui… en Californie?
Justement, parlant de Vaudreuil, je vous partage une petite perle : une lettre du gouverneur retrouvée dans le Fonds Georges-Barthélemi Faribault aux Archives nationales à Québec. À lire la biographie de Faribault, il n’est pas étonnant de trouver un tel document « écarté » dans ses papiers :
« Familier avec les documents législatifs, habitué aux index, aux greffes, aux ouvrages de référence, intéressé aux activités de la Société littéraire et historique de Québec (Quebec Literary and Historical Society) fondée en 1824, Faribault conçoit dès 1830 les projets d’une collection et d’un catalogue d’ouvrages sur l’Amérique et le Canada »
Le document en question parle entre autres de rationnement au début de la guerre de Sept Ans et démontre que la colonie se serre déjà la ceinture face aux mauvaises récoltes. J'inclus la transcription ci-dessous.
Bonne lecture!
Source : Cote : P853 / Archives nationales à Québec / Fonds Georges-Barthélemi Faribault / Date : 1756, surtout 1814-1861 / https://advitam.banq.qc.ca/notice/352008 (contenu : 1960-01-008 \ 251) : 2.2.2 Lettre du gouverneur Vaudreuil à un destinataire inconnu, Montréal, 27 septembre 1756.
Transcription:
À Montréal le 27 7bre 1756
J’ay donne ordre à M. D’artigny, Monsieur, de vous adresser un Rôle de vings un Soldats que j’envoye par les Bateaux du cent, qui sont destinés a aller tenir garnison au fort de Niagara, vous les ferés passer a ce fort, par la premiere occasion que vous aurés.
Je compte vous envoyer aussi par les premiers Convois [biffé] des Soldats des troupes de la Colonie pour relever ceux que vous avés au fort frontenac.
M.r Jacau ma rendu compte qu’il restoie beaucoup de Poudre a vôtre fort qui ne pourroient pas être mis dans les Poudrieres, après que vous y aurés fait mettre la plus grande quantité qu’il sera possible, vous renverrés a montreal l’excedent afin quelle ne se perde pas, et pour cela vous profiterés des Batteaux qui reviennent sur lesquels vous les mettrés ayant attention d’en faire charger le conducteur des dits Batteaux.
Il est d’une nécessité absoluë, Monsieur, que toute vôtre Garnison Soit réduite a une livre et demie de pain, et un quart de Lard, parce qu’il seroit impossible que le Roi puisse fournir à la Consommation qui Se fait dans la Colonie, en Égard au peu de bled qu’il s’y trouve, et a la mauvaise recolte que nous avons cette année, ainsi aussitôt ma lettre reçue vous donnerés ordre au Garde magasin de Sy conformer, et vous en avertirés votre Garnison.
Vous ferés faire la recherche d’un coffre que l’on ma assuré devoir être au fort frontenac qui appartenoit a un Nommé Renaud commi aux vivres qui a été tué au siège de Chouaguen. Si vous pouvés découvrir ce Coffre, vous me le ferés passer par le retour des Batteaux.
Je suis très Sincèrement, Monsieur, votre très humble et très obeissant Serviteur,
Vaudreuil
A légard de la diminution de la Ration de deux livres a une livre et demi de pain pour la Garnison de vôtre fort, vous la suspenderés Jusqu’au premier novembre, et en conséquence vous n’en parlerés pas aux troupes jusqu’à nouvel ordre.