La Corriveau : de l'histoire à la légende
Par Catherine Ferland et Dave Corriveau
Éditions du Septentrion
2014
392 p.
Disponible ici.
Un certain
jeudi après-midi, je prenais un café avec l’historienne Catherine Ferland, une
de mes plus proches amies. Selon ce qu’elle m’a rappelé plus tard, je lui aurai
parlé de mon intérêt pour la légende de La Corriveau et du fait que c’était le
genre de sujet qui méritait une nouvelle recherche, quitte à devoir moi-même
écrire un livre. Malheureusement, en tant qu’étudiant à la maîtrise à l’époque,
je n’avais évidemment aucun temps à consacrer à ce projet. N’empêche, nous
avons continué de discuter au sujet de l’historiographie et de la légende
entourant ce personnage qui, on se le rappelle, avait été encagée en punition
du meurtre de son mari en 1763. Et, toujours selon Catherine, c’est notre
discussion qui lui a planté l’idée de prendre le relais et d’écrire ce livre d’elle-même,
accompagnée de son partenaire, Dave, un Corriveau lui aussi...
Les auteurs avec la présumée cage de la Corriveau Photo : Joseph Gagné, 2013 |
S’aventurant entre une étude historique, ethnologique
et anthropologique, les deux auteurs ont pourtant triomphé en produisant ce qui
sera probablement à jamais connue comme l’étude définitive sur la Corriveau, son histoire et son influence sur l’imaginaire canadienne-française. Avec sa
lecture agréable et naturelle, le livre comprend d’ailleurs une plaisante
collection iconographique qui vient complémenter le texte.
Bien que les auteurs et l’éditeur aient
cherché à faire paraître ce livre avant la fin de 2013 afin de souligner le
250e anniversaire du destin tragique de Marie-Josephte, la qualité de cet
ouvrage compense amplement pour sa sortie « tardive ». Bien qu’à
saveur plus scientifique, ce livre saura captiver tant le public savant que
général.
Le livre est divisé en deux parties. La
première reprend les faits derrière la vraie histoire de la célèbre « meurtrière ».
Tout en reprenant l’historiographie scientifique développée depuis la
découverte des documents du procès dans les années 1940 (voir ce lien
pour les lire), Ferland et Corriveau ont déterré de nouveaux détails importants
de cette histoire.
La seconde partie du livre se penche sur la
« construction de la légende de la Corriveau ainsi qu’à son singulier
retentissement dans la mémoire collective et au niveau patrimonial. » (p.
23) Partant des premiers écrits inspirés par la découverte de la cage vers 1851
jusqu’aux plus récentes incarnations médiatiques de la légende de la Corriveau,
Ferland et Corriveau font un ample tour de table qui nous permet de comprendre comment
chaque génération à su s’approprier cette légende à sa façon. Évoluant du
simple conte à faire peur pour devenir entre autres un symbole féministe et une
incarnation d’un peuple en mal de liberté, jamais Marie-Josephte n’aurait cru
que son destin serait ainsi revendiqué et imputé à autant de causes…
Notons qu’une telle étude scientifique, qui
fait l’analyse rigoureuse de l’histoire de la Corriveau sous tous ses angles
objectifs, risquerait de dérober au lecteur une part de l’aura de mystère et de
macabre traditionnellement imputée à cette légende… Et pourtant non, d’autant
plus que les deux compositions incluses en annexe par les auteurs ne font que
réaffirmer que nous avons toujours raison de frissonner à la penser de cette
cage accrochée du haut de son support, grinçant dans le vent… ou est-ce plutôt
le son d’une lamentation fantôme d’une victime de son temps, nous appelant de
l’au-delà?...
Merci pour ce billet, c'est fort intéressant.
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