Le meurtre récent de George Floyd aux mains de policiers vient
lever le voile sur l’existence du racisme systémique non seulement aux
États-Unis, mais au Canada. En effet, malgré notre regard complaisant sur les
relations raciales chez nos voisins du sud, nous oublions que notre histoire et
notre société ne sont pas exemptes d’un passé également lié à l’esclavage et la
discrimination. Pourtant, cette histoire est longtemps passé sous silence :
même notre premier historien national, François-Xavier Garneau, niait l’existence
d’esclavage en Nouvelle-France (François-Xavier Garneau,
Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu’à nos jours. Tome second, Québec,
N. Aubin, 1846, p. 448). Depuis, d’autres historiens, comme Marcel Trudel, Micheline D'Allaire et
Brett Rushforth, ont dégagé une histoire plus près de la réalité : la
Nouvelle-France possédait des esclaves noirs et autochtones, un point s’est
tout.
Il est rare de nos jours de trouver quelqu’un qui nierait
cette réalité passée, mais à l’inverse, ils sont nombreux à nier le racisme moderne
au Canada et au Québec. Après tout, les Minutes
du patrimoine ne nous avaient-elles pas enseigné que le Canada était un
sanctuaire pour les esclaves échappés des États-Unis? Cette réduction simpliste
de l’histoire des Noirs et des autres minorités visibles au Canada est retenue
par une population majoritairement blanche qui peine à reconnaître une réalité
plus subtile que le racisme outrancier américain.
En tant qu’historien, j’ai passé les derniers jours à
réfléchir sur comment faire ma part pour confronter ce problème social au-delà mes efforts
préexistants de tenir compte lorsque possible des minorités visibles dans mes
recherches, mon enseignement et ma vulgarisation auprès du grand public. J’en
suis venu à cette conclusion : pour l’instant présent, il est justement plus
important d’amplifier les voix de ces minorités afin que tous entendent leur
message. Pour l’instant, il nous faut d’abord savoir écouter pour savoir
comment agir à l’avenir.
Je vous partage donc cette entrevue avec Webster, un
rappeur, auteur, conférencier et historien de Québec. Pendant cet entretien d’une
heure et demie, Webster remet les pendules à l’heure au sujet de l’histoire des
Noirs au Québec et de la situation présente du racisme chez nous. Il s’agit d’une
discussion importante et nécessaire, néanmoins traitée d’une manière très
agréable et détendue. En somme, je recommande fortement à tous mes lecteurs et
lectrices de l’écouter : au-delà cette entrevue, Webster est une voix très
importante de notre communauté, une voix nécessaire en ce moment difficile.
Si vous voulez
connaître Webster d’avantage et le suivre sur les réseaux sociaux, vous pouvez
le faire ici : Instagram: https://www.instagram.com/webster_ls/
Twitter: https://twitter.com/Webster_LS
Site web: http://www.websterls.com/
Sachez aussi que Webster vient de publier aux éditions du
Septentrion Le Grain de
sable : Olivier Le Jeune, premier esclave au Canada.
Bonne écoute! (N.B. : pour les amateurs de
baladodiffusions, l’émission Sans filtre
est disponible en format audio aussi pour ceux et celles qui ont un
gestionnaire du type Podcast Addict
sur leurs appareils portables).