A une heure après midi, une berge anglaise se détache des vaisseaux, ayant à son pavillon derrière, et pavillon français devant, ce qui fait juger qu’elle vient pour sommer la ville de se rendre. Elle arrive près de la ville et arrêtée par 2 ou 3 de nos carcassières, qui, n’ayant point reçu l’ordre du commandant de la place, lui ont demandé pourquoi elle venait. L’officier leur a dit qu’il apportait une lettre de son général à M. de Vaudreuil […] Comme ce sujet de députation nous a paru fort léger, il a été regardé comme un prétexte, dont se sont servis les Anglais pour examiner de près l’état de la place. Et en effet nos gens ont jugé qu’il y avait 3 ou 4 officiers ou ingénieurs sous l’habit de matelot et cela à leur physionomie et à la blancheur de leurs mains. Ce qui a donné lieu à M. le Mercier, pour user de représailles, de prendre avec lui 2 ou 3 capitaines de navire habillés en matelots pour mieux reconnaître la position de la flotte ennemie et son état. Une autre raison qui a persuadé que ce message n’était qu’un prétexte, c’est […] que par ce moyen ils se sont assurés que M. le général n’était point dans la ville, mais à Beauport, et que sans doute nos plus grandes forces étaient là.
Source : LACOURSIÈRE, Jacques et Hélèn QUIMPER. Québec, ville assiégée. 1759-1760, d'après les acteurs et les témoins. Québec, Septentrion, 2009, pp. 70-71.